Omar Azziman, président de la Commission consultative sur la régionalisation, auteur d'un rapport malheureusement classé

Omar Azziman, président de la Commission consultative sur la régionalisation, auteur d'un rapport malheureusement classé

«La régionalisation avancée : pour une approche progressive » tel était l’intitulé d’un colloque international organisé, le 26 avril 2014 à Béni Mellal, par l’Université Sultan Moulay Slimane en partenariat avec le Conseil régional de Tadla-Azilal, la Remald et l’Association Forum Béni Amir.

 

Trois recommandations ressortent de cet événement scientifique :


1) la nécessité de l’adoption de la Charte de décentralisation administrative pour faire des administrations de l’Etat, sur le plan territorial, des outils essentiels à l’accompagnement de la région, de l’implication des citoyens et citoyennes locaux qualifiés à la gestion des affaires locales et de l’activation progressive de la fonction primordiale du Conseil régional par rapport aux autres conseils élus.

 

  1. la relance du processus de décentralisation au Maroc répond à des besoins précis, à savoir parachever le changement de l’organisation administrative du pays pour associer tous les acteurs du développement et conjuguer leurs efforts avec ceux de l’État et réduire ainsi les fractures géographiques et socio-économiques. Il s’agit aussi, a-t-il ajouté, de permettre les adaptations rendues nécessaires par le statut avancé avec l’Union européenne et les défis de la mondialisation, ainsi que de prendre en considération le facteur social.

 

  1. La construction d’un «modèle maroco-marocain» afin d’apporter des «réponses créatrices à des questions marocaines majeures» sans «sombrer dans le mimétisme ou la reproduction à la lettre des expériences étrangères». Cette dernière phrase a pour auteur un expert français, s’appuyant sur les expériences allemandes et espagnoles.

 

Au même moment que le colloque, le mandat de l’ONU au Sahara occidental était renouvelé à l’identique pour encore un an par Conseil de sécurité.

 

Or, dans la mise en œuvre de son administration sur ce territoire, le Maroc entend intégrer le Sahara occidental dans le processus de régionalisation en cours.

 

C’est d’ailleurs ce qu’a souligné la ministre déléguée aux Affaires étrangères et à la Coopération, Mbarka Bouaida : “L’initiative d’autonomie des provinces du Sud doit être appliquée dans le cadre de la régionalisation élargie ».

 

Ainsi pour le politologue, Mohammed Darif, « Depuis 2010, on parle de la régionalisation avancée pour tout le Maroc et élargie pour le Sahara. Il s’agit d’appliquer au Sahara, en quelque sorte, le modèle espagnol d’autonomie ».

 

Ce n’est donc pas un hasard si la présidence de la Commission Consultative de la Régionalisation, créée le 3 janvier 2010 par le Roi, a été confiée à M. Omar AZZIMAN, ancien ambassadeur de Rabat à Madrid. Cette commission a produit un rapport (cf les liens ci-dessous) que plusieurs acteurs politiques marocains estiment malheureusement « disparu », rangé bien au chaud dans un tirroir.

 

L’évocation / disection du modèle espagnol d’autonomie lors du colloque international sur la régionalisation de 2014 s’inscrit dans cette source d’inspiration.

 

Fin avril, l'Institut marocain des relations internationales (IMRI) dans une étude ayant porté sur les cas allemand, espagnol, français et marocain, estimait lui aussi, que si « toutes les expériences étrangères en matière de régionalisation sont édifiantes pour le Maroc (…) c'est le modèle espagnol, qui semble le plus proche ». Le président de cet Institut, M. Jawad Kerdoudi, indiquait que le cas de l'Espagne est « un bon exemple de régionalisation pour le Maroc » dans la mesure où ce pays se définit comme un Etat intermédiaire entre un Etat unitaire classique et un Etat fédéral.

 

Un statut d'autonomie de la région du Sahara dans le cadre de la souveraineté du pays est également proposé pour régler définitivement cette question, a-t-il relevé, recommandant à la Commission consultative de la Régionalisation, mise sur pied pour finaliser le projet, d'apporter des réponses pertinentes aux " insuffisances " de l'expérience passée (tutelle exagérée et limitation de moyens et d'attributions) et créer des entités régionales homogènes et économiquement viables, capables de constituer des pôles performants, sensés contribuer fortement à l'œuvre de développement du pays.

 

Pour autant les Sahraouis ne partagent pas cet avis.

 

En effet, le 11 mai 2014, à 18h, était organisé à Smara, un colloque consacré à « la régionalisation avancée » auquel participait l’ex ministre marocain des affaires étrangères et membre du secrétariat de PJD Sa’ad Eddine El Othmani.

 

La question du Sahara occidentale s’y est invitée physiquement.

 

Plus des 100 chômeuses et chômeurs sahraouis ont envahi la salle avant la fin du colloque en criant des slogans contre le pillage systématique des ressources naturelles du Sahara Occidental. Ils chantaient notamment “Les sahraouis sont perdus, les ressources sont vendues”.

 

Le colloque n’a pas pu se poursuivre, et s’est conclu par un communiqué de la coordination des marginalisés sahraouis, que l’ex-ministre a entendu avant de partir.
La déclaration des marginalisés sahraouis répondait à celle de l’ex ministre marocain, et affirmait :

- qu’en matière de changement, rien n’a bougé à aucun niveau
- qu’ils n’ont aucunement confiance dans les partis qui se constituent pour les élections, car ceux-ci n’ont que l’objectif de gagner les élections et non de représenter le peuple.

 

Avant de quitter la salle avec le public, les marginalisés sahraouis ont conclu que « l’état marocain doit améliorer la situation des sahraouis et trouver rapidement une solution pour la décolonisation ».

Voir la vidéo ci-dessous.

Tag(s) : #Maroc, #Gouvernance locale, #Régionalisation, #Réforme territoriale, #Espagne, #Sahara occidental, #Développement local, #Méditerranée
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